Les canards excrètent aussi le virus de l’influenza aviaire par leurs plumes
D’après une récente étude de l’école vétérinaire de Toulouse et Inrae, les plumes des canards sont une voie de contamination sous-estimée du virus de l’influenza aviaire hautement pathogène.
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Qui l’eut cru ? « Les débris relargués par les follicules de plumes constituent une source complémentaire de diffusion des virus de l'influenza aviaire dans l’environnement, en plus des particules d’origine respiratoire ou digestive », assurent les chercheurs de l’école nationale vétérinaire de Toulouse (ENVT) et de l’Inrae, dans une étude publiée le 17 octobre 2023. Leurs travaux se sont basés sur une « approche multidisciplinaire », combinant l’analyse de cas d’infection sur le terrain (canards mulards et de barbarie) et des infections expérimentales réalisées en laboratoire sur cinquante canards. Leur démonstration est sans appel : « Les plumes des canards infectés par les virus de l'influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) du sous-type H5 produisent et relarguent massivement des particules virales infectieuses. »
Lésions épithéliales
D’après les chercheurs, cette voie d’excrétion semble importante chez les palmipèdes, mais marginale chez les galliformes (poulets, poules pondeuses). L’étude montre que les plumes des canards infectés par un virus H5 de l’IAHP présentent des lésions de type nécrose au niveau de l’épithélium (couche cellulaire de surface). C’est précisément la desquamation de l’épithélium due à l’IAHP qui provoque la dissémination de particules virales.
Les plumes en croissance seraient les plus excrétrices. « La croissance des plumes est un processus très rapide et relativement synchrone, pouvant atteindre jusqu’à 4 cm en dix jours chez les canards de quarante jours », explique l’étude. Par conséquent, chez les jeunes individus, « l’épithélium plumeux occupe une surface et un volume extrêmement importants. » Les canards adultes détiennent davantage de plumes « matures » qui présentent une « détection virale plus faible ». Toutefois, la mue peut « entraîner une augmentation de la proportion de plumes en croissance ». Chez les cinquante canards ayant fait l’objet d’une inoculation expérimentale de l’IAHP, « l’ARN viral a été détecté dans les plumes en croissance dès deux jours de postinfection (JPI), avec un pic de détection à 4 JPI et une détection positive jusqu’à 14 JPI ».
Comportements à risque
Certains comportements des canards peuvent donc accroître le risque de transmission du virus. C’est le cas du lissage, auquel ces animaux « consacrent plusieurs heures par jour. Cela peut concerner un seul oiseau ou plusieurs congénères ». Des attitudes pathologiques comme le picage, qui consiste au retrait et la consommation des plumes d’un congénère, présentent aussi un risque élevé de contamination par l’IAHP.
À ce stade, « l’importance quantitative de la voie d’excrétion des plumes, par rapport aux voies d’excrétion respiratoire et digestive, reste à évaluer ». Pour autant, les résultats de cette nouvelle étude « amènent à réévaluer le risque lié à la diffusion et la persistance des virus de l'influenza aviaire et donc les stratégies de lutte, au moment où la vaccination est massivement appliquée dans les élevages de canards en France », estiment les chercheurs.
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